Nous sommes allés à la rencontre de Faustine, l’unique éducatrice de jeunes enfants du département hébergement et logement d’insertion. Elle intervient auprès des femmes hébergées ainsi que de leurs enfants. Dans ce cas de figure, l’éducateur de jeunes enfants, travailleur social spécialisé de la petite enfance, dispose de fonctions qui se situent entre l'accompagnement des jeunes enfants et l’aide à la parentalité.

Faustine intervient sur deux dispositifs distincts : Le PHARE et le CHRS Bizot. Ces deux structures accueillent des mères et leurs enfants ayant subi des violences. Cependant, l’accueil et l’accompagnement du public sont différents, la temporalité n’étant pas la même et cela a un impact sur l’accompagnement proposé.

Dans le CHRS, les mères restent en moyenne deux ans tandis qu’au PHARE, lieu de mise en sécurité tenu secret, les familles sont accueillies un maximum de 15 jours renouvelables. Au PHARE, Les femmes sont orientées, entre autres, par des commissariats ou des assistances sociales de secteur afin de fuir une situation de danger imminent.

Au PHARE, le départ du domicile implique une rupture avec les lieux habituels de l’enfant (école crèche…), une perte brutale des repères. “Certains enfants arrivent sans jouets, sans affaires". La rencontre avec les enfants se fait pendant la journée, le plus souvent en salle enfants. Les temps de jeu permettent à l’enfant de disposer d’un espace pour lui et lui donne une place à part entière. “On accueille pas que des femmes, on accueille des femmes et leurs enfants”. Pour Faustine, c’est un temps de travail qui lui permet d’évaluer où en est l’enfant, comment il va, d’observer la qualité du lien mère-enfants, les besoins liés à l’accompagnement à la parentalité, de penser d’éventuelles orientations. Cela permet également aux référents sociaux de recevoir les mères afin d’aborder la question des violences, sans la présence des enfants.

Au CHRS, les enfants sont scolarisés ou sont à la crèche. De ce fait, les interventions auprès des familles ont majoritairement lieu en soirée et le mercredi après-midi. En lien avec l’équipe, Faustine adapte ses interventions en fonction des besoins (temps individuels enfants, temps collectifs enfants, sorties, visites à domicile, temps mère-enfants, travail auprès de la fratrie…). Le jeu à une place prépondérante dans chacun de ces temps, celui-ci étant un des outils principaux de l’EJE.

Quel que soit le lieu, l’accompagnement à la parentalité, se fait en lien étroit avec le référent social, permettant un regard croisé sur chaque situation, enrichissant ainsi le travail auprès de la famille. Du fait de situations parfois complexes, il peut être difficile pour les femmes hébergées de verbaliser leur situation auprès de leurs enfants (départ du domicile, séparation, violences…). Faustine accompagne les mères, afin que des mots puissent être dit à l’enfant. Le poste d’EJE au sein du CHRS et du PHARE, permet donc d’enrichir le travail d’une équipe pluridisplinaire. Les enfants sont alors accueillis au même titre que leur mère, en leur faisant une place symbolique chargée de sens.